Janvier végan : les restaurants français relèvent le défi
Relais de l'article Les Echos
Moins connu des Français que le Dry January, le Veganuary commence à se faire une place dans les restaurants. Une manière de montrer aux clients voulant mettre l'accent sur le végétal dans leur assiette qu'ils peuvent le faire dans leurs établissements.
Par Clotilde Briard
Publié le 10 janv. 2025 à 16:25 Mis à jour le 10 janv. 2025 à 16:34
Au fil des ans, le Dry January, défi de ne pas consommer d'alcool durant le mois de janvier, a su se faire une place dans l'Hexagone. Sept Français sur dix affirment désormais savoir ce dont il s'agit, selon l'Observatoire sur la consommation des vins sans alcool réalisé par l'institut d'études CSA pour la maison Chavin.
Né lui aussi au Royaume-Uni et arrivé chez nous en 2019, le Veganuary, contraction anglo-saxonne de « vegan » et « january », est encore loin d'en être là. Beaucoup de consommateurs ne connaissent pas encore l'expression désignant l'incitation à tester en début d'année une alimentation purement végétale. Une initiative lancée par l'organisation à but non lucratif du même nom créée en 2014.
Miser sur de multiples nouvelles recettes
Le mouvement n'en monte pas moins en puissance en France. Et si les industriels spécialistes des alternatives végétales en profitent pour en faire une caisse de résonance, les restaurants sont plus nombreux que l'an dernier à leur emboîter le pas. Avec, souvent, des propositions végétariennes et pas forcément véganes, c'est-à-dire sans fromage, oeuf ou miel puisque ces ingrédients ont eux aussi une origine animale.
Matsuri vient d'en faire un temps fort. L'enseigne de restauration japonaise s'est mise pour la première fois cette année à l'heure du Veganuary. Et a même créé 13 recettes pour l'occasion. Au déjeuner du mardi 14 janvier, seuls les produits végétariens ou végans seront disponibles sur la carte pour manger sur place ou emporter. Le reste du mois, les nouveautés sont notamment réunies dans une « box ».
« L'événement est cohérent avec notre concept et cela reflète la modernité de notre offre. Nous montrons d'ailleurs notre dimension innovante en proposant de nombreuses nouvelles recettes. Les premiers retours du public sont bons », estime Adrien de Schompré, directeur général de Matsuri.
Le spécialiste du poké Pokawa met de son côté l'accent sur ce sujet pour la troisième année, avec une promotion de 20 % sur une sélection végane et un partenariat avec son fournisseur de produits alternatifs HappyVore. « Notre offre est naturellement ouverte sur le végétal. Il est donc logique de s'intégrer dans ce mouvement. C'est une manière de nous adresser aux flexitariens, qui consomment régulièrement des produits végétariens mais sans exclusive, pour leur faire connaître l'étendue de notre offre. Et de faire tomber les préjugés chez tous les clients », remarque Nicolas Dégéraud, directeur marketing de Pokawa.
Animer un mois creux
Le Veganuary n'est pas réservé aux enseignes ayant de nombreux établissements. De Grenoble à Toulouse, une ribambelle de restaurants indépendants ont affiché sur les réseaux sociaux leur première participation au mouvement.
Car l'initiative a plusieurs atouts. Elle permet d'animer un mois un peu creux dans la restauration. Après les agapes de décembre, janvier est moins propice à s'attabler hors de chez soi en attendant le temps fort de l'année, la Saint-Valentin. En outre, les Français rêvant de détox peuvent se laisser séduire.
Il s'agit aussi de prouver que tous les types de clients peuvent y trouver leur compte. « L'offre à base de végétal se développe dans les restaurants. Dans une tablée de six ou huit personnes, il y aura souvent quelqu'un qui ne mange que végétarien. Dans ce cas-là, le volume sur ce type d'offre est faible. Mais il génère beaucoup de trafic au global », analyse Nicolas Nouchi, créateur de la société de conseil Strateg'eat.
La carte se doit, aujourd'hui, d'être la plus diversifiée possible. « Proposer des plats végétariens ayant du goût devient un enjeu, en sublimant une patate douce ou en rendant une aubergine croustillante. Cela ne doit plus être seulement perçu comme une contrainte par le chef », poursuit-il.
Veganuary pousse ainsi les restaurants qui y participent à étoffer leurs propositions végétariennes. Et permet de tester l'appétit des Français. Selon la place prise par ses nouveautés, Matsuri verra d'ailleurs si elle étoffe son offre pour ce type de produit avec une partie des créations imaginées pour l'occasion.
Plus de végétal dans l'assiette
L'envie de mettre du végétal dans son menu quotidien progresse. 29 % des Français se disent ainsi plus ouverts à tester des alternatives, selon une étude Yougov/Deliveroo. Sur l'application de la plateforme de livraison de repas, l'offre de plats végans s'est accrue de 34 % entre 2021 et 2024. Parmi les villes les plus en pointe figurent Nantes, Lyon, Paris, Aix et Strasbourg.
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